« Rien ne ressemble jamais à ce qu’on avait espéré, rien ne se passe jamais comme on l’avait prévu, le résultat est toujours à des années-lumières de ce qu’on avait projeté, nous sommes tous dans une comédie musicale de spectacle de fin d’année, un Broadway un peu raté. »

Arrivé à 46 ans, on prend de la hauteur. Axel, lui, a un fils qui griffonne des dessins obscènes sur ses copies de collège, une fille dont le chagrin d’amour menace de dégénérer en délire mystique, un voisin qu’il évite consciencieusement afin de ne pas avoir à lui retourner une invitation à l’apéro, des amis qui associent dangereusement l’idée de vacances aux mots « paddle » et « Biarritz », et des rêves inassouvis de fuite solitaire à Buenos Aires. Un bilan en demi-teinte, donc. Jusque là, Axel se contentait de son sort. Mais pourquoi a-t-il fallu qu’il reçoive une enveloppe du programme national de dépistage du cancer colorectal? La CPAM, qui n’envoie normalement ce courrier qu’aux personnes de cinquante ans et plus, essaye-t-elle de lui faire passer un message? Ou s’agit-il d’une banale erreur? Quoi qu’il en soit, cette enveloppe va déclencher chez Axel une véritable crise existentielle…

Après avoir disséqué les affres du couple dans Le Discours, Fabrice Caro s’attaque dans Broadway au cap de la cinquantaine et à la parentalité. Son personnage anxieux et farfelu, loser gentil mais maladroit, campe à merveille l’homme entre deux âges, consterné par sa situation, insatisfait par la tournure qu’a pris sa vie, mais qui n’a pas encore tout à fait renoncé à en changer. Un remède hilarant à la morosité ambiante.

• Broadway, Fabrice Caro, Éditions Gallimard, Parution : 28 Août 2020, 18.00€