C’est une plongée nostalgique dans le Marseille des années 90 que nous propose Hadrien Bels pour son premier roman. Le personnage principal, Stress, est un ado paumé comme il en existe beaucoup dans les quartiers comme Le Panier. Stress erre avec ses potes aux limites de la délinquance. « Figure rose » dans son groupe, le seul blanc dans un quartier très cosmopolite, il nous fait découvrir toute la diversité de celui-ci : ses différentes histoires et ses différents codes. C’est toute une série de personnages qui défilent dans une langue très orale, imprégnée de rap, de jargon, de sud. L’écriture est incisive, acide et pourtant cache une amertume quant à ce qu’est devenu le quartier de son enfance…
L’autre point de vue dans cette histoire, c’est celui de Stress mais devenu adulte et qui désespère de voir le Panier devenir un refuge de « bobos ». Baignant dans un milieu artistique, Stress fait désormais plus de vernissages que de courses de scooters. Le personnage vient alors à se demander si ce Marseille propre et lessivé n’est finalement pas plus méprisable que celui plus crasseux qu’il a connu dans sa jeunesse. L’occasion d’une remise en question personnelle également ?
Cinq dans tes yeux est un roman étonnant et un regard très actuel sur la gentrification des villes, sur la nostalgie et sur une quête d’identité perpétuelle.
- Cinq dans tes yeux, Hadrien Bells, Éditions de l’Iconoclaste, Parution : 19 août 2020, 18€