LES MAÎTRES DE L'ATOME, Tobias Hürter, éditions Les Arènes

« Le côté lumineux de l’histoire, ce sont toutes ces personnes étonnantes, à l’intelligence et à la soif de connaissances incroyables, et l’interaction de leurs esprits brillants. La mécanique quantique était une théorie si étrange qu’aucun d’eux ne pouvait la découvrir seul ; ils ont dû collaborer, rivaliser, être amis ou adversaires pour la porter ensemble sur les fonds baptismaux. »

Au début du XXème siècle, de Munich à Copenhague, en passant par Göttingen, Berlin ou Cambridge, l’Europe des sciences est secouée par une révolution : celle de l’atome et de la physique quantique. Les découvertes réalisées par Curie, Planck, Einstein, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, Dirac et bien d’autres sont si stupéfiantes, si contre-intuitives, qu’il n’est pas rare que l’auteur d’une avancée ait du mal à en comprendre lui-même la portée. L’interprétation des formules mathématiques, d’une complexité et d’un raffinement invraisemblables, utilisées par les savants suppose un rejet total des fondements de la physique classique auquel tous ne sont pas prêts, conduisant à une véritable querelle des anciens et des modernes. Toutes les sensibilités de ces hommes et de ces femmes, théoriques ou expérimentales, mathématiques ou esthétiques, s’avèrent nécessaires à l’édification d’un modèle scientifique absolument neuf : la mécanique quantique, merveille de rigueur, d’étrangeté et de poésie. Un nouveau paradigme, qui bientôt changera en profondeur le rapport que l’homme entretient au monde…

En présentant la plus grande avancée scientifique du début du XXème siècle comme une œuvre collective irriguée par les biographies de ses auteurs, en soulignant les relations d’admiration ou de défiance qu’entretenaient entre eux les scientifiques qui y ont pris part, Tobias Hürter nous propose une plongée passionnante dans la science en train de se construire : une aventure intellectuelle intrinsèquement collective, ouverte au débat et à l’interprétation, au tâtonnement et à l’erreur, à l’émerveillement et à la jalousie. Loin de l’aridité des équations mathématiques à laquelle on la réduit parfois, la physique y apparaît comme un champ de recherche marqué par le talent et les faiblesses d’êtres humains capables du meilleur comme du pire, parfois géniaux, et souvent faillibles.