« Avec le foot, tu es obligé de choisir. […] C’est toi qui décides, et pas ces branleurs du gouvernement qui te disent de faire ceci ou cela. Et c’est ça qui leur déplaît. Quand ça pète vraiment, ce qui se passe leur échappe tellement que ça en devient irréel. Ces gros enculés qui pensent tout contrôler se rendent compte de notre pouvoir. En bande, on peut faire tout ce qu’on veut. C’est pour ça qu’ils font tant de bruit autour de nous. Qu’ils dépensent des millions en caméras et en forces de police. »

Tom, Mark, Rod et Harris, quatre gars des quartiers ouest de Londres, vivent au rythme de Chelsea. Leur club, c’est leur identité, ce qui les définit par rapport à ces connards de West Ham, ou aux feujs de Tottenham. Les jours de match, ils descendent quelques pintes au pub avant de se mettre en chasse: les branleurs qui supportent les adversaires des Blues ne sont pas les bienvenus à Chelsea…

Une plongée hallucinante dans le monde des hooligans anglais des années 1990, dans un style direct et trash qui rappelle Irvine Welsh (Trainspotting). De beuveries en bastons, à l’extérieur où à domicile, les personnages de John King nous font comprendre que les violences entourant les matchs ne sont pas des pulsions bestiales et incontrôlées, mais l’expression d’un dégoût, d’un ras-le-bol politique profond; l’éruption nihiliste d’une classe ouvrière dominée et exploitée, la réaction anarchique de jeunes hommes piétinés et humiliés. Un texte brut, violent et vulgaire, souvent offensant et sans concessions, où affleure parfois un humour cynique et décapant. A lire quand l’arbitre regarde ailleurs.

• Football Foctory, John King, Éditions Au Diable Vauvert, Parution : 19 Novembre 2020, 22.00€