SEUL L'HORIZON, Matt Riordan, éditions Paulsen

Étudiant dans une grande université de la côte Est, Adam voit sa bourse s’envoler après s’être fait prendre en train de dealer sur le campus. Pour pouvoir payer sa dernière année et décrocher le diplôme qui lui permettra d’échapper à l’inertie de son Midwest natal, Adam a besoin de vingt-six mille dollars. Et rapidement : il a l’été pour réunir la somme. Adam s’engage donc pour une saison de pêche en Alaska, un boulot pénible et dangereux, qui devrait lui permettre de se sortir de ce mauvais pas. Mais une fois à bord du bateau, dans le froid humide des embruns, au contact d’hommes aussi rudes que les paysages, Adam va découvrir une vie bien différente de celle de l’université. Une vie où l’on ne triche pas, où tout se réduit à l’essentiel; où tout rappelle la minceur de la frontière entre la vie et la mort. Dans cet environnement extrême, dans le roulis perpétuel de la houle, dans l’odeur des monceaux de harengs qui viennent mourir sur le pont, dans l’épuisement et les douleurs d’un travail harassant, Adam va se surprendre, se redécouvrir, se réinventer, et surtout reconsidérer ses priorités et ses attentes concernant un avenir qu’il imaginait tout tracé…

Chaque page du premier roman de Matt Riordan est nourrie de l’expérience personnelle de l’auteur de la pêche dans le détroit de Béring. Le résultat est d’un réalisme sans fard et d’une efficacité saisissante : on est littéralement transporté au milieu de l’océan, dans le froid polaire qui balaye le pont du bateau. La principale réussite du roman est de nous faire percevoir la brutalité existentielle de ce Far West maritime, peuplé d’hommes aussi rudes que durs à la peine, dont l’entente à bord est une question de survie. Un roman d’apprentissage brut de décoffrage, aux accents quasi-darwinistes.