Vivre là-haut, au Nord, à Middelbourg. Sentir le vent traverser la lande. Courir sur les polders, courir jusqu’au transbordeur. C’est la vie de Paul dans le Watergang, cet endroit qui le voit grandir et qu’il connait comme sa poche. Il y a sa mère, sa grande sœur, son père qui est parti, il y a Zac aussi, et les autres. Quand il aura 13 ans, Paul sera écrivain, c’est ainsi, il le sait. Paul est souvent silencieux, un peu à côté. Ce n’est pas facile de savoir ce qu’il se passe dans la tête de Paul. C’est parfois compliqué, farfelu. Dans sa tête, Paul garde tout, chaque émotion, chaque détail. Il les écrit dans ses précieux carnets. Paul est un garçon sensible, attachant, si touchant, déterminé aussi, fragile, fort et profond.
Paul est un être à part, comme ce très beau premier roman de Mario Alonso qui s’impose comme une lumineuse évidence. Mario Alonso sait laisser place aux mots et aux silences de Paul. Il donne voix à ceux qui le côtoient, le connaissent, l’aiment et il nous fait les aimer en retour, simplement. Et tour à tour il laisse les éléments et les abstractions prendre parole : polder, Middelbourg, action, rose, canal, carnet, correspondance, lande, roman sont autant de chapitres et de voix qui, à la manière d’une mosaïque, viennent compléter le portrait de Paul.
Avec une plume admirablement maîtrisée, Mario Alonso offre aussi à son lecteur des passages et des images qu’il semble avoir saisis à la manière d’un talentueux, sensible et poétique photographe. Les couleurs, les ombres, les lumières, les contrastes, les lignes, les traits, les points de fuite vous emmènent au cœur du Watergang.
Attrapez la main de Paul et courez avec lui, courez sur les polders, laissez le vent vous surprendre, laissez votre tête, votre cœur s’emplir et imprégnez-vous de ce subtil et sublime roman.
- Watergang, Mario Alonso, Éditions Le Tripode, Parution : janvier 2022, 18.00€