« Se plaindre de ce que nous endurons, ce serait reconnaître que nous acceptons de l’endurer. »

C’est la première campagne à Islande de Malo Kerano. La première fois que ce jeune breton prend la mer, et dans quelles conditions : la pêche à la morue dans les eaux froides de l’Atlantique Nord est réputée extrêmement difficile. Sur le pont, les maladresses de Kerano lui attirent le mépris des hommes, qui le considèrent comme un porte-poisse, mais aussi la pitié du second, Corentin Lequéré, un marin plus expérimenté qui va le prendre sous son aile. Lorsqu’une violente tempête fracasse le navire contre les côtes islandaises, c’est la vigilance de Lequéré qui permet d’éviter le pire et de débarquer l’équipage le long d’un fjord. Là, dans le petit port de Fáskrúdsfjördur, les deux naufragés vont faire des rencontres qui vont changer leurs vies à tout jamais : celle de la jeune Marie Brouet, une infirmière récemment envoyée par la Troisième République pour soigner les pêcheurs français, et de ce fait en conflit avec sœur Élisabeth, une religieuse qui jouait ce rôle avant la construction de l’hôpital. Mais aussi la belle Eilin, l’institutrice islandaise fière et indomptable. Toutes ces femmes vont aider les deux marins à réaliser combien leurs conditions de travail et de vie à bord des navires sont inhumaines… Et peut-être leur rendre leur dignité.

Avec À Islande!, Ian Manook, déjà connu pour ses polars, nous embarque dans les goélettes des pêcheurs bretons du début du XXème siècle. À l’image de l’Islande elle-même, mais aussi de ses personnages, le roman est rude et sans complaisance, et l’intrigue aventureuse s’enrichit d’un volet social quand elle s’attarde sur les conditions de vie des marins de l’époque. Un beau roman, court mais intense, sorte de Germinal des pêcheurs qui interroge sur les limites des hommes lorsqu’ils sont confrontés à la misère… et à la mer, qui en aucun cas ne pardonne.

• À Islande !, Ian Manook, Éditions Paulsen, Parution : 07 Octobre 2021, 21.00€