Il n’était pas de ceux qui quittent, il n’avait jamais quitté, ni les êtres, ni les lieux et pourtant Jacques Bonhomme est parti. Il a laissé sa ferme, sa terre, ses bêtes. Acte empreint d’illusions et de possibles ? Acte de courage et de révolte ? Acte de résignation et de désespoir ?
Tout a commencé après le premier contrôle administratif. Ont suivi les sommations, les injonctions, les échéances, les traçages, les objectifs. Comment résister face aux excès de cette bureaucratie déconnectée du travail de la terre ? Comment tenir debout, rester paysan et libre ?
L’histoire de Jacques Bonhomme se répète tristement et trop silencieusement dans nos campagnes. Aux côtés de son narrateur, Corinne Royer a choisi les mots pour armes et quand leurs deux voix s’élèvent pour dénoncer et alerter, le cri est puissant et bouleversant, terriblement nécessaire, profondément humain.
Pleine terre est un roman magistralement écrit, avec force, conviction et avec un immense respect pour celles et ceux qui consacrent leur vie à la terre. Lire Pleine terre c’est ne pas abandonner, ne pas se rendre passivement complice; c’est aussi se laisser prendre par le rythme des saisons, faire corps avec cette nature forte et fragile et apercevoir au milieu des éclats de lumière.
- Pleine terre, Corinne Royer, Éditions Acte Sud, Parution : Août 2021, 21.00€