Ils sont deux frères que tout oppose. L’un, récemment promu directeur d’usine, est arriviste et réactionnaire. L’autre est un peintre hédoniste et insouciant. Les deux se méprisent cordialement, ne se reconnaissent plus, comme ne se reconnaissent pas les deux parties de la ville qu’ils habitent : les beaux quartiers pour le premier, et le « Labyrinthe » des cabanes des ouvriers et des déclassés pour le second. Deux mondes distincts, qui réagissent différemment à l’arrivée du cirque en ville.
Une nuit, on trouve la cage aux fauves ouverte, mais plus aucun fauve à l’intérieur. La rumeur se répand comme une traînée de poudre à travers la ville, avec la peur sur ses talons : les bêtes rôdent, tapies dans l’ombre, et ni les riches ni les pauvres ne trouvent plus le sommeil : « puisqu’ils ne sont ni visibles ni nulle part, hélas, il faut donc qu’ils soient partout »…
Bertrand Belin revient avec un troisième roman en forme de fable politique sur la stratification sociale et sur la gestation d’une angoisse collective, qui pose une question simple en apparence : qui sont réellement les « grands carnivores » qui donnent au texte son titre ? Alors que chacun dans son coin craint les griffes des animaux fugitifs, tous rêvent de les voir débarrasser l’autre partie de la ville de ses parasites… L’homme n’est-il pas un tigre pour l’homme ?
- Grands carnivores, Bertrand Belin, P.O.L., 16.00€