Dans un village isolé d’Euskal Herria, le Pays Basque espagnol, Bittori rentre chez elle. Alors que l’Euskadi Ta Askatasuna – l’ETA – vient de déposer les armes, la vieille dame se réinstalle, seule, dans son ancienne maison. Discrète au début, elle se montre de plus en plus, chez le boucher, au café, et même à l’église le dimanche, provoquant la stupeur ou la colère de ceux qui l’aperçoivent. Et en particulier celles de Miren, qui fut pourtant à l’époque son amie. Avant les menaces et les intimidations. Avant que le fils de Miren, jeune idéaliste abertzale (patriote basque) ayant rejoint les rangs de l’organisation, n’assassine le mari de Bittori, paisible chef d’entreprise qui refusait de se soumettre à l’impôt révolutionnaire exigé par les indépendantistes. Avant que les deux familles ne deviennent ennemies, et que Bittori ne soit contrainte à quitter le village.
Que recherche-t-elle, cette veuve revenue nous hanter, elle qui incarne désormais physiquement l’impossibilité du pardon et de l’oubli des années de terrorisme? Si elle rappelle de si mauvais souvenirs, peut-être n’a-t-elle plus sa place parmi les siens…
A travers l’histoire complexe et enchevêtrée de deux familles, Fernando Aramburu retrace les années de lutte armée du Pays Basque. D’une vraisemblance rare, sa galerie de personnages donne corps aux drames humains qui se cachent derrière les enjeux politiques, au fil d’une intrigue qui met magistralement à nu les rouages de la violence politique. A l’heure de l’apaisement, Patria pose la question du statut des victimes du terrorisme, occultées car constituant un obstacle à une paix souhaitée par tous. Le texte est émaillé de mots en basque qui favorisent l’immersion dans un contexte complexe et parfois mal connu. Un roman politique à la fois intelligent, émouvant et captivant.
- Patria, Fernando Aramburu, Éditions Actes Sud, Parution : 07 Mars 2018, 25.00€