Les grandes plaines d’Amérique sont aujourd’hui plus remplies du bruit des machines agricoles que de celui du vent, et les Amérindiens se sont installés dans les quartiers les plus sordides des grandes villes. A Oakland, dans la baie de San Francisco, ils sont confrontés à la pauvreté, à la violence, la marginalisation, l’alcoolisme et le suicide. Les personnages de ce roman choral à la construction exemplaire sont des femmes violées ayant dû abandonner leur enfant, comme Jacquie Red Feather; ils sont affligés d’un syndrome d’alcoolisation fœtale comme Tommy Loneman; ou encore impliqués dans le trafic de drogue comme Calvin Johnson. Dépossédés de leur identité et de leur culture, tous ressentent un manque profond et un besoin de découvrir leurs origines, à l’image du jeune Orvil, qui apprend les secrets des danses anciennes. Les trajectoires de tous ces personnages se rejoignent au grand pow-wow d’Oakland, théâtre d’un événement qui changera le cours de chacune de leurs vies…
Dans ce premier roman enragé et poétique, Tommy orange dresse le portrait d’une communauté amérindienne urbanisée et vulnérable. La compréhension du récit se fait par petites touches, jusqu’à ce que le contexte social dans lequel évoluent les personnages s’éclaire dans toute sa complexité. Mais à ce moment-là, le piège est déjà refermé sur eux, conséquence logique de la misère, de la violence et du racisme qui constituent leur quotidien dans la société américaine contemporaine.
- Ici n’est plus ici, Tommy Orange, Éditions Albin Michel, Parution : septembre 2019, 21.90€