« De temps en temps je comprends pas, mais j’accepte ce que me dit la foudre, car la foudre c’est moi. Elle est entrée en moi quand j’étais bébé et elle n’est jamais repartie. Je ressens un écho de la foudre chaque fois que je trouve un fossile, une petite secousse qui me dit : « Oui, Mary Anning, tu es différente de toutes les pierres de la plage. » »

Au début du XIXème siècle en Angleterre, deux femmes avec une passion hors du commun se lient d’amitié. Elles sont « chasseuses de fossiles », à cette époque où la théorie de l’évolution n’a pas encore été écrite par Darwin et où l’obscurantisme religieux fait loi. L’une d’elle, Mary Anning, est issue d’un milieu très modeste, elle était la meilleure chasseuses de fossiles d’Angleterre dès l’adolescence. Bien qu’indispensable aux scientifiques et collectionneurs de l’époque, elle était aussi méprisée dans ce milieu d’hommes. La deuxième femme, Elizabeth Philpot, est plus âgée et issue d’un milieu bourgeois. Étant célibataire, elle est marginalisée et envoyée par son frère vivre à l’écart de la société dans un petit village sur la côte du Dorset. Là bas, elle noue une relation très forte entre amitié et rivalité avec Mary, alors enfant. Entre deux marées, Mary lui apprend à chasser les fossiles sur la plage et dans les falaises.

Avec beaucoup de finesse et d’intelligence, Tracy Chevalier brosse le portrait de deux femmes ayant vraiment existé qui bravaient les préjugés de leur époque. La relation qui se noue entre les deux femmes est profonde, nuancée et très crédible. Nous découvrons aussi la société anglaise très figée du XIXème siècle, des deux côtés de la barrière sociale. L’écriture recherchée de l’écrivaine nous plonge dans l’atmosphère particulière de ce petit village côtier du Sud de l’Angleterre.

 

• Prodigieuses créatures, Tracy Chevalier, Éditions Folio, Parution : 06 Janvier 2001, 09.40€