« Maman nous faisait vivre à un tel rythme que je n’avais guère le temps de méditer sur ma couleur de peau. A défaut de pouvoir remplir le frigo, elle nous gavait de pensées, de livres, de musique et d’art. […] Nous ne nous considérions ni pauvres, ni malchanceux, car les valeurs du monde extérieur nous semblaient insensées en tant qu’enfants. »
Enfant, James McBride n’a jamais compris en quoi sa peau noire pouvait conditionner sa vie ou son avenir. La raison: sa mère, Ruth, une fille d’immigrés juifs polonais, une femme blanche qui avait osé, en 1942, épouser un homme noir pour fonder une famille. Cette décision, à rebours des mesures de ségrégation alors en vigueur aux États-Unis, provoque la colère de son père, un rabbin traditionaliste, et son exclusion de la famille. Malgré la précarité de sa situation et son isolement, Ruth élèvera ses onze enfants dans les rires et la joie, en leur inculquant ses valeurs de travail et d’égalité, en leur transmettant l’espoir d’une vie meilleure.
En racontant l’histoire de Ruth, James McBride livre un témoignage plein de vie mais sans angélisme sur une femme forte qui a décidé de vivre sa vie au mépris des injonctions racistes de la société. Ce récit de vie, qui invalide totalement le prisme racial à travers lequel la société américaine se considère habituellement, est également l’hommage touchant d’un fils à sa mère, illuminé par la force de caractère d’une femme déterminée à ouvrir toutes les portes à ses enfants, envers et contre tout.
- La couleur de l’eau, James McBride, Éditions Gallmeister, Parution : 20 Août 2020, 9.50€