« J’étais une coquille vide. Portez-moi à votre oreille et vous entendrez le ressac lointain d’un océan fantôme. Le néant, c’est tout. La plus infime pression du courant ou de la marée pourrait me renverser, me chavirer. Je m’échouerais. Ici sur ce rivage, je m’assécherais et blanchirais. […] Jusqu’à ce que je m’effrite dans le sable. »
Hig n’est pas un survivant. Pas le profil. Plutôt du genre à pêcher la truite dans la rivière et à réciter de la poésie chinoise qu’à astiquer ses armes. S’il est encore vivant, neuf ans après l’épidémie, c’est grâce à ses talents de pilote: lui s’acquitte, à bord de son vieux Cessna baptisé « la Bête », des vols de surveillance, et il laisse la partie gros bras à Bangley, fou de la gâchette et stratège maniaque. A eux deux, ils ont réussi à défendre leur petit terrain d’aviation, association symbiotique comptant sur les forces de chacun, ne laissant rien au hasard. Mais la mort de Jasper, le fidèle chien de Hig, va bouleverser cet équilibre. Étouffant dans une routine consistant à sécuriser le périmètre et à tuer les intrus, Hig va se souvenir d’un message radio capté trois ans auparavant, en provenance de l’aéroport de Grand Junction. Problème: ce dernier n’est pas à portée de réservoir…
Un roman post-apocalyptique dans les nuages, plus contemplatif que musclé, à la fois drôle, poignant et aérien; synthèse inattendue, pourtant habilement réalisée dans un texte à l’atmosphère unique.
- La Constellation du chien, Peter Heller, Éditions Actes Sud, Parution : 03 Juin 2015, 9.70€