L’éruption du Tambora, en 1815, fut l’un des phénomènes volcaniques les plus violents que l’humanité aie connu. A tel point que les rejets de particules dans l’atmosphère qu’elle occasionna déréglèrent le climat mondial, et que 1816 resta dans les annales comme « l’année sans été ». Pourtant, ce cataclysme ne laissa presque aucune trace dans l’Histoire, hormis dans les ciels tourmentés de peintres comme Turner ou Constable. La raison en est simple : les observateurs de l’époque ne disposaient ni des outils de mesure, ni des moyens de communication adaptés à l’analyse du phénomène.
Deux siècles plus tard, Gillen d’Arcy Wood s’attelle à cette tâche en s’appuyant sur les techniques scientifiques modernes, et dresse le constat impressionnant d’un événement qui provoqua un dérèglement éphémère mais catastrophique du climat mondial. Les conséquences inattendues de l’explosion du volcan indonésien ont été ressenties dans l’ensemble de l’hémisphère nord, apportant partout leur lot de désolation : épidémie de choléra consécutive à l’arrêt de la mousson en Inde, famine et transition agricole vers la culture de l’opium dans le Yunnan, fonte de la banquise arctique et ouverture du passage Nord-Ouest, déperdition des récoltes et famine et Europe de l’ouest et en Amérique du Nord…
Une enquête scientifique passionnante et rigoureuse, richement documentée, qui montre comment un événement local peut avoir des répercussions climatiques à l’échelle globale. Et qui nous rappelle à quel point la moindre perturbation du fragile système climatique peut aboutir à une multitudes de conséquences, aussi imprévisibles que dramatiques…
- L’année sans été, Gillen d’Arcy Wood, Éditions La Découverte, 13.00€