Ce week-end commençait sous les meilleurs auspices pour Xavier Barthoux, dernier représentant commercial d’une entreprise de nains de jardin. Accompagné de sa chère et tendre et de son chihuahua (tant désiré par Madame), la petite famille prenait comme chaque week-end du bon temps dans leur résidence secondaire des Cévennes qu’ils venaient de terminer de payer. En cette douce matinée de juillet, rien ne semblait être en mesure d’atteindre le moral de Xavier… Mais c’était sans compter la découverte d’une fissure sur la façade de la maison. Cette dernière, si anodine soit-elle, mettra à mal toutes les certitudes de notre homme et sera le déclencheur d’un grand chambardement dans sa vie, aussi bien du côté professionnel, familial que d’un point de vue plus personnel.
« Comme les arbres, les êtres humains ont besoin d’un cran de chute pour que s’engage le processus d’effondrement. Il peut se présenter sous différentes formes, grossières ou non, provoquées ou pas, parfois violentes, souvent imprévisibles. Un décès inattendu, une grossesse non désirée, l’apparition d’une tumeur minuscule au cœur d’un sein, un coup de canif dans le contrat de mariage, une lettre de licenciement dans le courrier du jour […], autant de gouttes susceptibles de faire déborder le vase. Il peut toutefois prendre une apparence plus subtile et se montrer d’une inoffensive banalité. » (Page 8)
Entre pétage de plomb, discussion incongrue avec un nain de jardin de précisément 62 cm (s’il vous plaît) et autres situations rocambolesques et totale remise en question, La Fissure est aussi un roman sur la recherche d’identité. Est-on vraiment heureux ? N’en a-t-on pas assez de jouer le jeu, de se cacher ? Qui sommes-nous vraiment ? La recherche de ce moi perdu, d’un fantôme du passé ou peut-être d’un nouveau m/soi prendra tout son sens dans la chute finale.
« Les examens révèlent une fracture sévère du coccyx. Et une fracture, une ! eut envie de clamer haut et fort un Xavier euphorique qui avait liché presque à lui tout seul le Puligny-Montrachet pendant que les secours s’affairaient à la cuisine. Bravo ma chérie, pensa-t-il en lui-même. Je m’incline devant ta prouesse. Tu m’engueules quand je casse une patte au toutou mais permets-moi de te dire que casser le cul de sa mère vaut son paquet de points. » (p.138, 139)
L’auteur du Liseur du 6h27, de Macadam et du Reste de leur vie signe ici un troisième roman aux éditions Au Diable Vauvert à la fois drôle, tendre, touchant et complètement jubilatoire qui ne vous laissera en aucun cas de marbre !
- La Fissure, Jean-Paul Didierlaurent, Éditions Au Diable Vauvert, 18.00€