C’est dans une salle du Kremlin, vaste et richement décorée, que se joue au début des années 1920 le destin de Lev Sergueïevitch Termen. La réputation du jeune ingénieur l’a précédé dans la citadelle moscovite, où il a été invité à faire la démonstration de sa nouvelle invention devant Lénine en personne. Lev vient d’inventer l’étherophone, un instrument de musique qui produit des sons à partir des ondes électromagnétiques générées par les mains du musicien, sans que celui-ci n’aie à toucher le boîtier. Les sons qui semblent sortir du néant impressionnent profondément le Père de la Révolution, qui envoie Lev en mission à l’Ouest, où il devra prouver au monde entier la supériorité de la recherche scientifique soviétique. À New-York, Lev devient Leon Theremine, et les États-Unis se passionnent pour son instrument futuriste qu’ils rebaptisent de son nom. Debout derrière son boîtier muni d’antennes, le premier instrument électronique, le prodige enchaîne les concerts à travers le continent, devant des salles combles et un public éberlué. Mais enivré par la vie américaine, les lumières de la ville, le jazz et les fêtes, Leon oublie la mission secrète que le Kremlin lui a confiée. Jusqu’à ce qu’un jour, la Mère Patrie se rappelle douloureusement à l’ingénieur-musicien…
Emmanuel Villin signe avec cette Fugue thérémine un portrait romancé de Lev Sergueïevitch Termen, qui nous emmène à un rythme trépidant des gratte-ciels Art déco du New-York des années 1920 aux sinistres goulags de la Kolyma bolchevique. Dans un style fluide et vivant, il retrace la trajectoire hors du commun de l’ingénieur russe, inventeur et espion pris dans les mâchoires de son siècle. Romanesque et musical !
- La Fugue thérémine, Emmanuel Villin, Éditions Asphalte, Parution : 25 août 2022, 18.00€
