« Cet homme-là, un peu exalté, jamais fatigué, et d’une extrême humanité, mérite qu’on raconte son histoire. Je ne sais pas s’il en existe d’autres comme lui, je ne sais pas s’il en existe encore, je ne sais pas s’il y en eut beaucoup, mais de savoir qu’il y eut un jour un John Muir, cela suffit pour rassurer quant à l’humanité. »
Peu connu en France, John Muir est une figure légendaire aux États-Unis. Arrivé d’Écosse au milieu du XIXème siècle avec ses parents, il est subjugué par les territoires sauvages de l’Amérique, par cette wilderness difficilement traduisible qui résonne au fond de lui. Promeneur infatigable, en émerveillement constant devant les beautés de la nature avec laquelle il entretient une relation quasi-mystique, il ne tarde pas à traverser les jeunes États-Unis, à en explorer les recoins les plus inaccessibles. Les articles qu’il tire de ses errances tiennent plus de la description du paysage et du carnet de voyage que de l’observation scientifique. Pourtant, sans en avoir encore le vocabulaire, John Muir fait aujourd’hui figure de pionnier de l’écologie; il a notamment contribué à faire de la vallée de Yosemite, en Californie, cadre privilégié de ses contemplations, un parc national.
Dans une langue limpide, et avec un enthousiasme communicatif, Alexis Jenni dresse le portrait d’un touche-à-tout de génie, un peu loufoque mais éminemment attachant, dont le principal moteur est un sens aigu de l’émerveillement. En refermant cette biographie, on a une seule envie, celle de s’approprier cette phrase issue des carnets de Muir: « Je me suis mis en route, libre et joyeux […]. Mon projet était simplement d’aller droit devant moi, approximativement au sud, par le chemin le plus sauvage. »
- J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, Alexis Jenni, Éditions Paulsen, Parution : 16 Janvier 2020, 21.00€