« C’est à ce moment que l’idée de partir a commencé à germer. Je n’avais ni attaches, ni projets, et il me restait pour seul héritage une lucidité consternée quant aux perspectives d’avenir d’un type ni trop bête, ni trop malin, peu diplômé, sans appui et sans fortune dans ce mouroir que devenait chaque jour un peu plus le pays. »

Ce pays, c’est l’Albanie d’Enver Hoxha, dans laquelle Arben grandit entouré de ses amis et de sa famille. Fils de professeurs, il nourrit l’ambition, une fois son service militaire achevé, de partir étudier à Tirana, la capitale. Mais la mort accidentelle de ses parents compromet ses projets d’ascension sociale.

C’est à ce moment décisif, où Arben entame sa vie d’homme, que l’histoire sursaute. Le régime communiste et autoritaire, à bout de souffle, s’effondre, remplacé par un libéralisme échevelé et chaotique qui détruit les repères politiques et moraux de toute une génération d’Albanais. Pour pouvoir échapper au marasme et offrir une vie meilleure en Europe à sa femme et ses enfants, Arben va devoir gagner de l’argent. Beaucoup d’argent. Et dans ce Pays des Aigles abandonné aux vautours, les occasions d’en gagner ne manquent pas pour qui est prêt à se salir les mains…

Un premier roman réaliste et impitoyable sur la naissance d’un réseau criminel dans un État corrompu et déliquescent. Cette histoire de déchéance et de vengeance est aussi le portrait sans fard d’un homme banal que la nécessité pousse à la compromission, jusqu’à devenir un criminel violent, jusqu’à commettre l’irréparable. A lire cul sec !

 

• Les Aigles endormis, Danü Danquigny, Éditions Gallimard, Parution : 09 Janvier 2020, 18.00€