« Les hommes arrêtèrent de ramer à une dizaine de mètres. Pollard, à la barre, considérait la silhouette naufragée de ce qui avait été son bâtiment, incapable de parler. Il se laissa tomber sur le banc de son canot, tellement écrasé par l’étonnement, l’angoisse et la confusion que Chase le reconnut à peine. Pollard finit par demander : « Mon Dieu, monsieur Chase, qu’est-ce qui est arrivé ? »

« Nous avons été attaqués par un cachalot », répondit Chase. »

 

Le 2 novembre 1820, le baleinier Essex, de Nantucket, commandé par le capitaine Pollard, sombre dans le Pacifique Central. Les circonstances du naufrage sont extraordinaires : le solide navire a été éperonné, délibérément selon toute vraisemblance, par un grand cachalot solitaire, qui est parvenu à ouvrir une voie d’eau dans la coque. La vingtaine de membres de l’équipage parvient à se réfugier dans trois canots et à récupérer dans les cales de l’Essex quelques maigres provisions avant sa submersion complète. Puis, c’est le vide. Perdus au milieu de l’océan dans leurs frêles esquifs, à des milliers de kilomètres de la terre la plus proche, les chasseurs devenus proies vont devoir naviguer à l’estime, lutter contre la faim et la soif, et surtout survivre aux éléments…

En écrivant Moby Dick, l’illustre écrivain américain Herman Melville s’inspirait déjà de l’histoire des naufragés de l’Essex, très célèbre sur l’île de Nantucket et documentée par plusieurs témoignages directs. Près de deux siècles après les événements, Nathaniel Philbrick rassemble une documentation impressionnante pour faire revivre la culture maritime de cette époque, et surtout raconter le calvaire de ces hommes, à travers un roman de mer aussi passionnant qu’éprouvant. Une histoire cruelle de survie, aux limites de ce qu’un être humain peut endurer, face à la terrifiante indifférence de l’océan.

• Au cœur de l’océan, Nathaniel Philbrick, Éditions Paulsen, Parution : 03 Octobre 2024, 28.00€