« Pripiat est un tombeau à ciel ouvert. Sur les murs au papier défraîchi, des traces de vies anciennes dont les lambeaux forment des puzzles incomplets, telles les fresques d’un temps échoué. Le vent s’engouffre entre les interstices. Son chant porte en lui des paroles aussi mystérieuses que le murmure d’un mourant. »
En descendant du bus qui l’a amenée à Pripiat, Lena est bouleversée: la ville, désertée, est abandonnée au lierre et aux loups. La jeune historienne est depuis l’enfance fascinée par les ruines. Sa présence aujourd’hui, parmi les touristes, n’a rien d’un hasard: elle était ici même il y a vingt ans, le 26 avril 1986, lorsque l’explosion du réacteur de la centrale voisine de Tchernobyl a contraint sa famille à l’exil, condamnant Pripiat à un avenir de ville fantôme, au beau milieu d’une zone irradiée que la forêt aura tôt fait de reconquérir. Dans ce qui fut autrefois le parc de son enfance, un arbre gravé d’un cœur entourant deux initiales: L + I. Après la catastrophe, Ivan est resté. Si Lena est ici, 20 ans après, c’est pour le retrouver.
Un beau roman qui parle du fait de se construire dans l’exil et de surmonter une absence douloureuse, traversé par l’urgence du retour et la mélancolie des ruines.
- A crier dans les ruines, Alexandra Koszelyk, Éditions Aux Forges de Vulcain, Parution : Septembre 2019, 19.00€